Je rêve qu’un jour
l’école…
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu sans grille, sans note,
sans contrôle des absences, sans ces couloirs de wagons qui donnent
sur des compartiments de maths, de français, de techno ou
d’anglais. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu où l’on se jette sur la
maquette d’une maison ronde à demi-ébauchée, sur un livre que
l’on avale avec délice, sur un schéma technique que l’on
déchiffre avec minutie pour les dernières mises au point d’un
automate jouant Mozart à chaque heure du jour. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu où, sous les premiers
rayons du soleil, une bande d’individus hétéroclites descende les
marches d’une maison de bois qu’ils auraient construite pour
semer, planter, sarcler et offrir à toute cette ruche les saveurs et
les couleurs des légumes du jardin, au repas de midi. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu où l’érudit dispense
son savoir, en aidant les amoureux du goût à mitonner leurs petits
plats. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu où le citadin apprenne à
l’horticulteur à jouer avec l’ordinateur, en échange d’une
séance d’écussonnage de Reinettes du Mans sur les porte-greffes
du verger expérimental. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu où vingt personnes
exposent librement leurs divergences et, s’écoutant vraiment,
dénouent leurs désaccords pour se quitter en s’embrassant. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu où la digne et délicate
recherche de son emploi du temps remplace la pesante et avilissante
recherche d’un emploi. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un centre d’envol vers mille
lieux de découverte, de travail et d’accomplissement, et une piste
d’atterrissage pour apprendre à enseigner ce que l’on a
appris. »
« Je
rêve qu’un jour l’école soit un lieu où la discipline
nécessaire à tout fonctionnement social, se fonde sur l’autonomie
de penser, la responsabilité et l’explication, et que son
efficacité remplace la crainte ou la comparaison. »
(Patrick
Baronnet)