Venue
on ne sait d’où, une délicate musique bretonne mêlant harpe et
flûte se répandit doucement dans la cave. Les participants se
mirent à se déplacer de côté et d’autre, se tenant toujours par
la main, balançant les bras, un pas à gauche, deux à droite dans
une sorte d’an-dro un peu lent. Puis tout s’arrêta. Le
cérémonial semblait réglé comme du papier à musique. Les mains
se séparèrent, chacun recula de deux grands pas en arrière et se
retrouva devant une sorte de rondin faisant office de tabouret. Seul
Arménius bénéficiait d’un véritable siège de bois sombre, une
sorte de trône ouvragé, une cathèdre avec marche pied et
accoudoir. Il s’y installa solennellement avant de déclarer :
« Plie-toi
en deux, tu resteras entier,
Incurve-toi et tu seras redressé,
Sois
vide afin d’être rempli,
Usé,
tu seras rajeuni,
Possède
peu, ce peu fructifiera,
Accumule
beaucoup, ce beaucoup se perdra. »
Il se fit un grand silence puis un coup de gong suivi
d’un long « Ooom padme ooom » avant qu’Arménius ne
reprenne la parole dans un silence recueilli : « Mes
frères, mes amis, pauvres Chevaliers du Temple et du Gwaal, nous
voici réunis en tenue tout à fait extraordinaire car nous allons
aujourd’hui introniser un nouveau frère. Si l’un d’entre nous
y voit quelque inconvénient qu’il se lève et parle sans peur ni
contrainte car ensuite il sera trop tard, il lui faudra se taire
définitivement. »
Une voix
féminine se fit entendre : « Espérons, Grand Maître,
que ce ne sera pas un cas comme les deux personnages qui ont troublé
notre précédent chapitre… »
-
Ces deux individus, personnages louches, peut-être dangereux et
sûrement envoyés par nos ennemis - et le Puissant sait combien ils
sont nombreux- s’étaient introduits parmi nous d’une façon
pernicieuse. Ils avaient honteusement trompé notre vigilance. Sachez
mes frères et mes sœurs, que même s’ils ont réussi à fuir,
nous les retrouverons et nous leur ferons rapidement oublier ce
qu’ils ont pu découvrir à notre sujet.
-
Il me semble que ce lieu de réunion n’est plus très sûr, fit une
grosse voix masculine avec une pointe d’accent africain. Ne
pourrions-nous pas tenir nos convents ailleurs ou communiquer
autrement ?
(A SUIVRE)
Ouvrage disponible version papier et e-book sur Amazon.fr et sur TheBookEdition.com