vendredi 7 février 2014

OPERATION BAUCENT (Chapitre 5, 1ère partie)




Parallèle à la rue des Blancs-Manteaux, celle des Bouchers comporte également un petit immeuble parmi les plus anciens de la ville. On y pénètre par un porche délabré qui donne sur une cour pavée, glissante de mousse verdâtre et encombrée de déchets divers, remorques cassées, vélos ou mobylettes hors d’usage. Les rares habitants de la bâtisse, un couple de retraités, une famille maghrébine et deux vieilles dames presque impotentes se contentent habituellement de passer directement de la rue dans l’escalier sans jamais aller dans cette fosse humide et peu accueillante.
Cette nuit-là, sept individus s’y glissèrent en toute discrétion. Disposant d’une clé, le premier ouvrit la porte de la cave dissimulée derrière un tas de gravats et tous s’engouffrèrent dans un escalier voûté qui semblait mener à un souterrain ou à des catacombes. Lampes frontales et torches électriques dégageaient des flaques de lumière qui révélèrent assez vite une grande salle octogonale aux murs de pierres humides et verdâtres. L’obscurité la plus épaisse, le silence le plus complet pouvait laisser penser que cette crypte et ce souterrain gisaient à des centaines de mètres de profondeur sous une pyramide égyptienne ou sous des mégalithes perdus dans un lointain désert. En fait, les sept ombres étaient réunies en pleine ville, dans son quartier le plus ancien, bien sûr, mais à quelques pas du « Griffon d’or ». Le grand individu qui avait ouvert la voie et qui semblait faire office de chef ordonna aux autres de mettre leurs masques. Quatre grandes torches furent allumées et accrochées aux murs, dégageant suffisamment de lumière pour que chaque participant puisse distinguer les autres. Ils avaient ôté manteaux, vestes ou blousons de ville pour revêtir chacun une large cape blanche marquée par une grande croix rouge sur le côté gauche. Personne ne se parlait. Une impression de solennité étrange régnait dans cette cave…
« Pauvres Chevaliers du Temple et du Gwaal, moi Arménius votre Grand Maître, déclare ouverte notre tenue d’admission... Formons le cercle sacré et invoquons Gwaal… »
Arménius parlait d’une voix grave et profonde. Il avait prononcé quelque chose entre : « Graal » ou « Baal » d’une façon si bizarre qu’il était presque impossible de les distinguer. Cela ne devait pas choquer les participants qui se mirent à bourdonner une sorte de « Oooommm » d’abord sans presque ouvrir les lèvres puis allant crescendo. Le mantra bouddhique gronda ouvertement un long moment avant de s’interrompre brusquement.
« Que le grand souverain de l’Univers, le clément et le miséricordieux nous illumine de sa Lumière ! » lança Arménius.
« Que les merveilles de la Connaissance nous éclairent ! » entonna d’une seule voix l’assistance.
« Que la puissance de la Lumière soit notre force ! » ajouta le Grand Prêtre.
« Que Lucifer soit avec nous ! » répondirent les participants d’une voix forte.
« Que l’épée et le Gwaal nous reviennent ! »
« Et que la force soit avec vous ! »
Le silence revint. Les sept individus vêtus de blanc formaient un cercle, ils se tenaient par la main et avaient senti l’énergie monter en eux au fil de cette étrange prière. A la fin, ils criaient presque en levant les bras en l’air.
(A SUIVRE)
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