Parallèle
à la rue des Blancs-Manteaux, celle des Bouchers comporte également
un petit immeuble parmi les plus anciens de la ville. On y pénètre
par un porche délabré qui donne sur une cour pavée, glissante de
mousse verdâtre et encombrée de déchets divers, remorques cassées,
vélos ou mobylettes hors d’usage. Les rares habitants de la
bâtisse, un couple de retraités, une famille maghrébine et deux
vieilles dames presque impotentes se contentent habituellement de
passer directement de la rue dans l’escalier sans jamais aller dans
cette fosse humide et peu accueillante.
Cette
nuit-là, sept individus s’y glissèrent en toute discrétion.
Disposant d’une clé, le premier ouvrit la porte de la cave
dissimulée derrière un tas de gravats et tous s’engouffrèrent
dans un escalier voûté qui semblait mener à un souterrain ou à
des catacombes. Lampes frontales et torches électriques dégageaient
des flaques de lumière qui révélèrent assez vite une grande salle
octogonale aux murs de pierres humides et verdâtres. L’obscurité
la plus épaisse, le silence le plus complet pouvait laisser penser
que cette crypte et ce souterrain gisaient à des centaines de mètres
de profondeur sous une pyramide égyptienne ou sous des mégalithes
perdus dans un lointain désert. En fait, les sept ombres étaient
réunies en pleine ville, dans son quartier le plus ancien, bien sûr,
mais à quelques pas du « Griffon d’or ». Le grand
individu qui avait ouvert la voie et qui semblait faire office de
chef ordonna aux autres de mettre leurs masques. Quatre grandes
torches furent allumées et accrochées aux murs, dégageant
suffisamment de lumière pour que chaque participant puisse
distinguer les autres. Ils avaient ôté manteaux, vestes ou blousons
de ville pour revêtir chacun une large cape blanche marquée par une
grande croix rouge sur le côté gauche. Personne ne se parlait. Une
impression de solennité étrange régnait dans cette cave…
« Pauvres
Chevaliers du Temple et du Gwaal, moi Arménius votre Grand Maître,
déclare ouverte notre tenue d’admission... Formons le cercle sacré
et invoquons Gwaal… »
Arménius
parlait d’une voix grave et profonde. Il avait prononcé quelque
chose entre : « Graal » ou « Baal »
d’une façon si bizarre qu’il était presque impossible de les
distinguer. Cela ne devait pas choquer les participants qui se mirent
à bourdonner une sorte de « Oooommm » d’abord sans
presque ouvrir les lèvres puis allant crescendo. Le mantra
bouddhique gronda ouvertement un long moment avant de s’interrompre
brusquement.
« Que
le grand souverain de l’Univers, le clément et le miséricordieux
nous illumine de sa Lumière ! » lança Arménius.
« Que
les merveilles de la Connaissance nous éclairent ! »
entonna d’une seule voix l’assistance.
« Que
la puissance de la Lumière soit notre force ! » ajouta le
Grand Prêtre.
« Que
Lucifer soit avec nous ! » répondirent les participants
d’une voix forte.
« Que
l’épée et le Gwaal nous reviennent ! »
« Et
que la force soit avec vous ! »
Le
silence revint. Les sept individus vêtus de blanc formaient un
cercle, ils se tenaient par la main et avaient senti l’énergie
monter en eux au fil de cette étrange prière. A la fin, ils
criaient presque en levant les bras en l’air.
(A SUIVRE)
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