Et
les deux individus se lancèrent dans un étrange épluchage de leur
victime toujours étendue inerte sur le tapis du vestibule. A mesure
que Renard incisait le veston du tailleur de Virginie en long, en
large ou en travers, Loup de sa grosse pogne finissait de déchirer
le tissu. Les poignets entravés génèrent un peu aux entournures,
mais cela ne dura pas. Assez vite, la victime se retrouva simplement
vêtue de son chemisier de soie rouge. Les deux malfrats passèrent
ensuite au pantalon qui, sous le cutter de ces étranges couturiers
se transforma bien vite en mini-short effiloché.
-
Maintenant tu me la laisses, tu sais que je suis le plus délicat de
nous deux, minauda Renard.
Le
gros renauda un peu avant de filer dans l’étroit cagibi qui
faisait office de cuisine. « Je vais voir s’il y a quelque
chose de sympa à boire là-dedans… »
-
C’est ça. Tu pourrais même faire chauffer du café, si t’en
trouves. On risque d’en avoir besoin. La nuit va être longue.
Et
le maigrichon se pencha plus près de Virginie qui était maintenant
étendue sur le dos. Il dégrafa deux boutons du chemisier rouge,
révélant un soutien-gorge de même couleur. En trois coups de
cutter, il se débarrassa du sous-vêtement affriolant et laissa
apparaître au jour une poitrine suffisamment bombée pour troubler
n’importe quel homme normalement constitué…
-
Quelle horreur, quelle saloperie ! lança Renard au comble du
dégoût. Mais c’est une vieille, elle est formée. Beurk, des
miches, si je m’écoutais…
A
cet instant précis, le gros sortit de la cuisine une fiole de kirsch
à la main. Il interrompit son acolyte juste avant que celui-ci ne
joigne le geste à la parole : « Ca va maintenant, ça
suffit. Elle a beaucoup de valeur cette fille, c’est toi qui me
l’as dit, Renard ! »
Le
visage blême et l’air mauvais, l’autre eut l’air de bien
vouloir s’en remettre à l’injonction de son comparse. Il fit
rentrer la lame du cutter dans son manche et le remit dans sa poche.
« Allez, je vais m’occuper du kawa, ça vaudra mieux que de
faire une connerie… », admit-il. Sans plus attendre, Loup
avala une grande goulée de sa fiole de kirsch, la vidant à moitié.
Le feu lui monta immédiatement aux joues. Il sentit une excitation
primaire monter du tréfonds de lui-même. Cette femelle complètement
dépoitraillée l’excitait au plus haut point. Il l’attrapa à
bras le corps, la souleva comme un fétu de paille et la plaça en
travers de son épaule. « Allez la belle, tu seras mieux dans
la chambre.. » Trois pas plus loin, il la balança sans
ménagement sur le lit. Il entendit la voix de l’autre lui redire
de ne pas esquinter la marchandise. Il finit la fiole presque comme
s’il s’était agi d’eau claire et la lança rageusement au
travers de la chambre. Il ne prit même pas le temps de jeter le
moindre regard sur les lieux familiers de Virginie. C’était
presque une chambre de jeune fille avec un lit deux places couvert
d’un plaid rose, des murs tapissés d’un papier peint assorti,
une vieille armoire repeinte en blanc et fuchsia et décorée de
motifs floraux exécutés au pochoir. Une étagère accueillait
quelques bouquins de littérature féminine ainsi qu’une touchante
collection de peluches en tous genres. Loup ne voyait rien de tout
cela. Il s’escrimait sur le bouton et sur la fermeture éclair du
mini-short tout en s’énervant sur son propre pantalon quand il eut
l’impression que le ciel lui tombait sur la tête. En l’occurrence,
le marteau du dieu Thor n’était tout prosaïquement qu’un gros
caquelon de fonte manié sans ménagement par son comparse à la
longue mèche pendante…
(A SUIVRE)
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