Le
calme était revenu dans l’appartement. Renard alla replacer le
caquelon à la cuisine avant de retourner dans la chambre de
Virginie. Celle-ci était étendue à plat ventre en travers du lit
avec le quintal de Louis Dubois effondré sur elle. Lerenard tira de
toutes ses forces pour la dégager du gros corps inanimé. Il y mit
tout son cœur et eut beaucoup de peine à faire glisser son comparse
sur le sol. « Il me l’aurait étouffée l’imbécile… »
Se dit-il en s’épongeant le front.
Il
l’observa un long moment. Chemisier dégrafé, short et string
rabattus donnaient une impression de débraillé, d’abandon. Il
était intervenu juste à temps. Quelques secondes de plus et l’autre
la violait. Ce que le maigrelet n’aurait pas pu supporter. Plus il
regardait le corps de la pauvre Virginie étendue devant lui, à sa
merci, dans cette position lascive, plus il sentait le dégoût
monter en lui. Il n’aimait que les petites gamines pré pubères,
pas ou peu formées. Et là, abandonnée devant lui, cette femelle,
avec sa poitrine opulente, ses fesses rebondies et son sexe offert,
c’en était trop. Il avait l’impression que son regard était
sali par la vue des quelques poils pubiens qui apparaissaient dans
l’échancrure.
Sans
plus attendre, il remonta le string puis le mini short en
s’interdisant de regarder, retourna la fille sur le dos et
reboutonna le chemisier rouge. C’est alors qu’il remarqua son sac
à main, sorte de besace de toile qui traînait sur le sol non loin
du corps de son complice. Il commença à fouiller dedans. Il trouva
un portable, divers produits de beauté, un bâton de rouge à
lèvres, des clés, l’attirail habituel de la jeune femme moderne.
Quand il eut presque tout vidé, un petit bouquin broché aux pages
coupées à la main apparut. Il s’en saisit. L’ouvrage n’avait
pas fière allure. La couverture de papier jaunâtre était abîmée,
les pages froissées ou cornées étaient parfois couvertes
d’annotations. Sur la couverture, il lut ceci : John Wesley
Montgomery, « Les voies secrètes de la puissance nazie ».
Un bouquin historique paru en 1969 dans la traduction française
d’une édition Penguin jamais rééditée depuis lors.
Jacques
Lerenard s’assit sur le bord du lit et commença à tourner les
pages du bouquin. Il y vit une photo du Messerschmitt BF 110 qui
aurait dû permettre à Rudolf Hess de débarquer en Angleterre pour
y négocier une paix séparée avec les anglais. Mais cet épisode
rocambolesque de la vie du célèbre nazi ne l’intéressa pas outre
mesure et pourtant le livre de Montgomery en racontait de belles. Il
apportait une explication à l’échec de la tentative ainsi qu’à
l’acharnement contre celui qui fut le tout dernier interné de la
prison de Spandau à Berlin-Ouest où il finit par mourir en 1987
pendu à l’aide d’un fil électrique. Son fils et quelques
historiens non-conformistes y virent la main de services secrets
comme le Mossad ou la CIA. La thèse de l’assassinat camouflé en
suicide ne fut bien entendu jamais retenue par les médecins légistes
anglais…
Que
venait vraiment faire Hess en Angleterre ? Hitler était-il au
courant de sa démarche ? Qu’apportait-il ? Quel secret
détenait-il pour qu’on le garde aussi longtemps en détention ?
(A SUIVRE)
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