Imaginez
une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement
une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe
doucement. Elle est bientôt tiède et la grenouille trouve ça
plutôt agréable et continue à nager. La température continue à
grimper. L’eau est maintenant chaude. C’est un peu plus que
n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne
s’affole pas pour autant. L’eau est cette fois vraiment chaude.
La grenouille commence à trouver ça un peu désagréable, mais elle
s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La
température continue à monter, jusqu’au moment où la grenouille
va tout simplement finir par cuire et mourir.
Si la même
grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50°,
elle aurait immédiatement donné un coup de patte adéquat qui
l’aurait éjectée aussitôt de la marmite. Cette expérience
montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière
suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite aucune
réaction, aucune opposition, aucune révolte.
Si nous
regardons ce qui se passe dans notre société, nous constatons que
depuis quelques décennies, nous subissons une lente dérive à
laquelle nous nous habituons. Beaucoup de choses qui nous auraient
horrifiés, il y a 20, 30 ou 40 ans, ont été peu à peu banalisées,
édulcorées et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent
carrément indifférents la plupart des gens. Au nom du progrès et
de la science, les pires atteintes aux libertés individuelles,
à la dignité du vivant, à l’intégrité de la nature, à la
beauté et au bonheur de vivre s’effectuent lentement et
inexorablement, avec la complicité constante des victimes,
ignorantes ou démunies. Les noirs tableaux annoncés pour l’avenir,
au lieu de susciter des réactions et des mesures préventives, ne
font que préparer psychologiquement le peuple à accepter des
conditions de vie décadentes, voire dramatiques. Le gavage permanent
d’informations par les médias sature les cerveaux qui n’arrivent
plus à faire la part des choses…
Alors,
si vous n’êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuits,
donnez un coup de patte salutaire avant qu’il ne soit trop tard.
Canned Heat est un groupe de blues rock américain formé
en 1965 à Los Angeles, Californie. Ses plus grands succès ont été
On the Road Again en 1968 et Going Up the Country en 19691. Le groupe
a participé activement à la vague du blues revival à la fin des
années 1960.
Se produisant notamment dans plusieurs grands
festivals, Canned Heat a été l'un des groupes les plus populaires
des années hippie.
Canned Heat
est le fruit de la rencontre à Los Angeles de deux grands amateurs
de blues, le chanteur Bob Hite et le guitariste Alan Wilson. Hite
« The Bear » (« l'ours ») en référence à
sa forte corpulence, et Wilson « The Owl » (« la
chouette ») ou « Blind Owl » (« la chouette
aveugle ») pour sa mauvaise vue, sont rejoints par le
guitariste Henry Vestine, « Sunflower » (« Tournesol »),
ancien membre des Mothers of Invention de Frank Zappa), le bassiste
Larry Taylor, « The Mole » (« la taupe »),
qui a joué avec Jerry Lee Lewis, plusieurs fois bassiste de studio
et de scène pour Tom Waits et The Monkees, et le batteur Frank Cook.
Le nom du groupe vient du Canned Heat Blues, un vieux
blues de Tommy Johnson, écrit en 1928. Le Canned Heat était de
l'alcool dénaturé et gélifié mis en boîte de conserve, conçu
pour être allumé dans sa boîte, pour cuisiner (pour les fondues ou
en camping par exemple). En pleine Prohibition, les plus démunis en
tiraient une boisson hautement toxique1.
Canned Heat
est toujours actif aujourd'hui, malgré le décès de ses deux
fondateurs et les nombreux changements de musiciens depuis la fin des
années 1970. Les seuls membres survivants des premières formations,
Larry Taylor et Fito de la Parra, font encore partie du groupe.
Calvin
Russell, né en novembre 1948 à Austin (Texas), et mort dans sa
ville natale le 3 avril 20111, est un chanteur et guitariste de folk,
rock et blues américains.
Sixième
d’une famille de neuf enfants, Calvin Russell passe ses cinq
premières années quasiment derrière le comptoir du Sho Nuff Café,
où son père Red fait la cuisine et où sa mère Daisy est serveuse.
À douze ans, Calvin se met à la guitare et rejoint son premier
groupe, The Cavemen. À quinze ans, il fugue à San Francisco. Il
survit sur la route grâce à de petits boulots et se retrouve
plusieurs fois incarcéré pour des délits mineurs d'adolescent.
Réfractaire
au modèle américain de la réussite financière et sociale2, il se
marginalise et vend du cannabis pour subsister. Arrêté plusieurs
fois, il passe une dizaine d'années derrière les barreaux. À la
sortie d'un de ses séjours en prison, il se lance dans un périple à
travers le Grand Sud et traverse le Rio Grande à Piedras Negras et
El Paso. C’est là qu'il commence vraiment à écrire des chansons
et à chanter de ville en ville. Il vit en vagabond, mais se fait
prendre par les autorités du Mexique, durant l'hiver 1985, avec de
l’herbe américaine plein les poches. Inculpé pour importation
frauduleuse de stupéfiants, il repasse un an et demi dans les geôles
du gouvernement mexicain.
Lorsqu’il
revient à Austin en 1986, il travaille comme plombier, mais continue
de traîner dans un milieu marqué par l’alcool et la drogue. Il
côtoie de nombreux musiciens, parmi lesquels le légendaire Townes
Van Zandt3, Willie Nelson ou Leon Russell.
Trois ans plus tard, en décembre 1989, au cours d'une
soirée d'anniversaire au Continent Club d'Austin4 fréquenté par de
nombreuses gloires locales, Calvin Russell chante dans un coin ses
chansons en s'accompagnant d'une guitare acoustique. Personne ne fait
attention à lui, sauf Patrick Mathé, le patron de la maison de
disques française New Rose, qui se rend régulièrement à Austin.
Intrigué autant par le physique du chanteur que par la qualité de
ses compositions, Patrick Mathé prend contact avec Calvin Russel qui
lui laisse une cassette. C'est cette maquette qui donne naissance à
l'album A Crack In Time que New Rose publie en France début 1995.
L’accueil
est excellent et Calvin ne tarde pas à venir en France pour en
assurer la promotion. L’année suivante, il sort Sounds From The
Fourth World, album de la consécration, également enregistré à
Austin avec Joe Gracey. Calvin commence à tourner beaucoup en
France, remplissant les clubs, alors qu'au Texas on l’ignore
toujours. De nombreuses pages de journaux sont consacrées là-bas à
l’étonnante aventure de sa carrière européenne, mais sans profit
pour sa musique.
En 1992, Calvin Russell revient sur le devant de la
scène avec Soldier. Dans le prolongement des deux albums précédents,
il l’enregistre encore aux Studios Arlyn, mais la production se
fait cette fois sous la houlette de Jim Dickinson6, empereur du
Memphis Sound qui a travaillé avec Ry Cooder et les Rolling Stones.
Début 1994
paraît Le Voyageur, album live enregistré à l’Olympia,
l’Élysée-Montmartre, l’Exo 7 à Rouen et le Zig-Zag à Orléans,
reflet d’une tournée marathon dans laquelle Calvin Russell a donné
en un an 178 concerts en Europe.
En 1995 sort
le très acclamé Dream Of The Dog, tournant dans sa carrière. Dream
Of The Dog est le titre d’une vieille légende indienne. La
pochette, qui reproduit les dessins d’une couverture indienne,
révèle les origines comanches de Calvin, certains des symboles
étant originaires de la tribu de son arrière-grand-mère.
L’album
suivant Calvin Russell, (enregistré et mixé à Memphis), est
résolument blues et comble à la fois ses fans et les puristes. Pour
souffler avant de préparer le prochain, c’est un best of que
propose Calvin Russell avec This Is My Life, qui comporte cependant
trois nouveaux titres : Forever Young, Texas Song et It’s All
Over Now.
Alors que paraît This Is My Life, au hasard d’un
arrêt dans une station-service au Texas, son passé d’adolescent
resurgit avec violence. Un policier remarque la saleté des vitres de
sa voiture et lui demande d’en descendre. Quand il découvre qu’il
se trouve face à un ancien prisonnier, il appelle les maîtres-chiens
par radio. Ils trouvent son herbe. Son passeport est confisqué, et
cette peccadille risque d’entraîner l’annulation de tous ses
sursis, et dix années de prison. Finalement les choses s’arrangent,
avec une mise en liberté semi-surveillée sous réhabilitation6.
Le 3 avril
2011, il meurt à l'âge de 62 ans d'un cancer du foie.