Renard
arriva au chapitre sur Heinrich Himmler, le « fonctionnaire de
la mort », l’organisateur en chef des camps de concentration
et de « la solution finale ». Et là, son attention fut
captée. Ainsi cet ignoble individu se réclamait de l’héritage
des chevaliers teutoniques. Avec ses SS, il croyait avoir recréé
« l’élite en uniforme noir qui allait réincarner le vieil
ordre de chevalerie germanique ». Comme beaucoup de nazis, il
avait été influencé par deux idéologues fanatiques, Gobineau, le
français et Houston Stewart Chamberlain, l’anglais pour qui la
race nordique était l’archétype humain idéal pour ne pas dire
supérieur, ce qu’Hegel avait déjà annoncé un siècle plus tôt.
Théoricien
mystique, Himmler se voyait comme Grand Maître d’un nouvel ordre
qui serait la réincarnation des teutoniques, officiellement dissous
en 1938. L’auteur faisait remarquer que, dans le monde ésotérique,
une dissolution cache souvent une résurgence sous une forme
différente. Ainsi Himmler commença-t-il par édicter des critères
très rigoureux pour l’entrée des postulants dans la SS. Jusqu’en
1937, la garde spéciale du Führer, unité d’élite s’il en fut,
n’acceptait en son sein que des jeunes hommes blonds aux yeux bleus
et d’une taille minimum de 1,80 m. Himmler édicta également une
règle de mariage spéciale pour les SS. Ceux-ci ne pouvaient se
marier qu’avec des femmes capables de justifier de la pureté de
leurs origines aryennes depuis pas moins de deux siècles. Les
nécessités de la guerre firent que ces règles furent assez vite
aménagées. Mais une mystique fanatique du chef, un courage sans
faille et une obéissance aveugle furent toujours exigés de ces
troupes d’élite. On sent qu’Himmler voulait réécrire
l’Histoire ou la reprendre là où, selon lui, elle n’aurait
jamais dû s’arrêter. Le 2 juillet 1936, il organisa dans la
collégiale de Wewelsburg la célébration du millième anniversaire
de la mort de son héros préféré, le roi Heinrich I, dit Henri
l’Oiseleur. Le bouquin citait un extrait du discours qu’il
prononça après avoir déposé sur le tombeau du souverain une gerbe
composée de fleurs et de rameaux de chêne: « Ici
où reposent depuis toujours ceux de notre sang, cette magnifique
maison de Dieu, née d’un sûr sentiment germanique, sera un lieu
de culte où les Allemands viendront en pèlerinage (…) L’homme
qui, après mille ans a repris avec une grandeur inouïe l’héritage
humain et politique du roi Henri, notre Führer Adolf Hitler, nous le
servirons fidèlement de nos paroles, de nos pensées et de nos
actes, pour l’Allemagne et pour la Germanie. »
Le
7 avril 1942, il déclara devant les officiers supérieurs et tous
les chefs de services de la SS : « Tout
ce que nous faisons doit être justifié par rapport à nos ancêtres.
Si nous ne retrouvons pas cette attache morale, la plus profonde et
la meilleure parce que la plus naturelle, nous ne serons pas capables
à ce niveau de vaincre le christianisme et de constituer ce Reich
germanique qui sera une bénédiction pour la terre entière. Depuis
des millénaires, c’est le devoir de la race blonde que de dominer
la terre et de toujours lui apporter bonheur et civilisation. »
(A SUIVRE)
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