Clair de lune
Soulevant le rideau des ombres,
La pâle lune, lentement,
Des fleuves noirs aux forêts sombres
Étale son rayonnement,
Et sur le vert tapis des mousses
Où la nuit épand sa fraîcheur,
On sent planer deux choses douces.
La solitude et la blancheur.
Jour
timide, aube solitaire
Qui
nous console du soleil ;
Baiser
pur effleurant la terre
Sans
interrompre son sommeil.
Plus
d’oiseaux, la biche est couchée,
Le
flot, à peine, ose frémir ;
On
dirait une sœur penchée
Qui
regarde sa sœur dormir.
Et si
la brise familière
Écarte
les rameaux discrets,
On
voit des gouttes de lumière
Trembler
aux feuilles des forêts.
Tandis
qu’ouvrant, au bord des grèves,
Son
noir calice où dort l’amour,
S’épanouit
la fleur des rêves,
Qui
se fane quand vient le jour.
(Louis Bouilhet)
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