La chèvre
Moi, la chèvre, je
suis le surplus du troupeau
Et je m’ennuie
avec ces gens de tout repos
Qui font tout
bonnement tous une même chose,
Je m’ennuie à
mourir sur ce chemin morose,
Je n’aime pas,
j’en ai le cerveau courbatu,
Marcher en foule
ainsi sur un chemin battu,
Je n’aime pas
brouter l’herbe déjà tondue,
Ce petit foin sans
goût, sans fleurs inattendues.
Aussi,
Dès que le pâtre
en son grand manteau bleu
Rempli de vent
cherche l’espace et rêve un peu,
Je m’échappe, je
cours à travers la campagne,
Je bondis pour
trouver quelque peu de montagne,
Je grimpe à des
talus très hauts de chemins creux.
On est si bien,
Tout seul,
Sans moutons,
Si loin d’eux
qu’ils semblent tout au fond du val
Des pierres grises.
(Marie Noël)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire