Sixième d’une famille
de neuf enfants, Calvin Russell passe ses cinq premières années
quasiment derrière le comptoir du Sho Nuff Café, où son père Red
fait la cuisine et où sa mère Daisy est serveuse. À douze ans,
Calvin se met à la guitare et rejoint son premier groupe, The
Cavemen. À quinze ans, il fugue à San Francisco. Il survit sur la
route grâce à de petits boulots et se retrouve plusieurs fois
incarcéré pour des délits mineurs d'adolescent.
Réfractaire au modèle
américain de la réussite financière et sociale, il se marginalise
et vend du cannabis pour subsister. Arrêté plusieurs fois, il passe
une dizaine d'années derrière les barreaux. À la sortie d'un de
ses séjours en prison, il se lance dans un périple à travers le
Grand Sud et traverse le Rio Grande à Piedras Negras et El Paso.
C’est là qu'il commence vraiment à écrire des chansons et à
chanter de ville en ville. Il vit en vagabond, mais se fait prendre
par les autorités du Mexique, durant l'hiver 1985, avec de l’herbe
américaine plein les poches. Inculpé pour importation frauduleuse
de stupéfiants, il repasse un an et demi dans les geôles du
gouvernement mexicain.
Lorsqu’il revient à
Austin en 1986, il travaille comme plombier, mais continue de traîner
dans un milieu marqué par l’alcool et la drogue. Il côtoie de
nombreux musiciens, parmi lesquels le légendaire Townes Van Zandt,
Willie Nelson ou Leon Russell.
Trois
ans plus tard, en décembre 1989, au cours d’une soirée
d’anniversaire au Continent Club d’Austin fréquenté par de
nombreuses gloires locales, Calvin Russell chante dans un coin ses
chansons en s’accompagnant d’une guitare acoustique. Personne ne
fait attention à lui, sauf Patrick Mathé, le patron de la maison de
disques française New Rose, qui se rend régulièrement à Austin.
Intrigué autant par le physique du chanteur que par la qualité de
ses compositions, Patrick Mathé prend contact avec Calvin Russel qui
lui laisse une cassette. C’est cette maquette qui donne naissance à
l’album « A Crack In Time » que New Rose publie en
France début 1990.
L’accueil est excellent
et Calvin ne tarde pas à venir en France pour en assurer la
promotion. L’année suivante, il sort « Sounds From The
Fourth World », album de la consécration, également
enregistré à Austin avec Joe Gracey. Calvin commence à tourner
beaucoup en France, remplissant les clubs, alors qu’au Texas on
l’ignore toujours. De nombreuses pages de journaux sont consacrées
là-bas à l’étonnante aventure de sa carrière européenne, mais
sans profit pour sa musique.
En 1992, Calvin Russell
revient sur le devant de la scène avec « Soldier ». Dans
le prolongement des deux albums précédents, il l’enregistre
encore aux Studios Arlyn, mais la production se fait cette fois sous
la houlette de Jim Dickinson, empereur du Memphis Sound qui a
travaillé avec Ry Cooder et les Rolling Stones.
Début 1994 paraît « Le
Voyageur », album live enregistré à l’Olympia,
l’Élysée-Montmartre, l’Exo 7 à Rouen et le Zig-Zag à Orléans,
reflet d’une tournée marathon dans laquelle Calvin Russell a donné
en un an 178 concerts en Europe.
En 1995, sort le très
acclamé « Dream Of The Dog », tournant dans sa carrière.
« Dream Of The Dog » est le titre d’une vieille légende
indienne. La pochette, qui reproduit les dessins d’une couverture
indienne, révèle les origines comanches de Calvin, certains des
symboles étant originaires de la tribu de son arrière-grand-mère.
L’album suivant
« Calvin Russell », (enregistré et mixé à Memphis),
est résolument blues et comble à la fois ses fans et les puristes.
Pour souffler avant de préparer le prochain, c’est un « best
of » que propose Calvin Russell avec « This Is My Life »,
qui comporte cependant trois nouveaux titres : « Forever
Young », « Texas Song » et « It’s All Over
Now ».
Alors que paraît « This
Is My Life » (1998), au hasard d’un arrêt dans une
station-service au Texas, son passé d’adolescent resurgit avec
violence. Un policier remarque la saleté des vitres de sa voiture et
lui demande d’en descendre. Quand il découvre qu’il se trouve
face à un ancien prisonnier, il appelle les maîtres-chiens par
radio. Ils trouvent son herbe. Son passeport est confisqué, et cette
peccadille risque d’entraîner l’annulation de tous ses sursis,
et dix années de prison. Finalement les choses s’arrangent, avec
une mise en liberté semi-surveillée sous réhabilitation.
Le 3 avril 2011, il meurt
à l’âge de 62 ans d’un cancer du foie.
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