La salle à manger
Il y a une armoire
à peine luisante
Qui a entendu les
voix de mes grand-tantes
Qui a entendu la
voix de mon grand-père,
Qui a entendu la
voix de mon père.
À ces souvenirs
l’armoire est fidèle.
On a tort de croire
qu’elle ne sait que se taire,
Car je cause avec
elle.
Il y a aussi un coucou en bois.
Je ne sais pourquoi il n’a plus de voix.
Je ne peux pas le lui demander.
Peut-être bien qu’elle est cassée,
La voix qui était dans son ressort,
Tout bonnement comme celle des morts.
Il y a aussi un vieux buffet
Qui sent la cire, la confiture,
La viande, le pain et les poires mûres.
C’est un serviteur fidèle qui sait
Qu’il ne doit rien nous voler.
Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
Qui n’ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l’on me pense seul vivant
Quand un visiteur me dit en entrant :
— Comment allez-vous, monsieur Jammes ?
(Francis Jammes)
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